Gilles Landini, pianiste
Humoresques
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Humoresque - In Memoriam

In Memoriam . . .

� LE SYMBOLE (L'ARTISTE POSS�DE UN INSTINCT SYMBOLISATEUR), SUGGESTION DE L'INCONNU PAR ANALOGIE AVEC LE CONNU SE RETROUVE SOUS TOUTES LES LATITUDES, A TOUTES LES EPOQUES, R�G�N�R� PAR DES LOIS SECRETES. EST-IL MA�TRE DE LA CIT� DES SONGES? DE LA CABALE, AMALGAME CONFUS OU INSTINCT D'UN ESPACE POLITIQUE? �

(In Art et Mati�res)

Il est tout entier dans ce texte... il y est m�me pr�vu qu'il puisse s'y cacher...

Qui � IL � ?

Un Artiste? Certes... un plasticien? Peut-�tre... Un sculpteur? Un peintre? A n'en point douter!...Et m�me un architecte, un urbaniste!

Un humain parmi les plus humains de forces et de fragilit�s, d'assurance et d'inqui�tudes que cette phrase d'Andr� Ch�nier habitait :

� l'art ne fait que des vers, le coeur seul est po�te �

MOROG est un po�te...

Si l'homme est, ce matin du 1er septembre 2003, entr� dans la lumi�re si longtemps questionn�e, loin de nos yeux, Morog est � jamais �ternel...

J'ai devant moi, cher Morog, cette lithographie offerte cet hiver...: un couple en habit de paysans moyen-�geux s'enla�ant avec tendresse, leurs deux figures �tant les deux moiti�s d'un seul et m�me visage, sur un pont. L'eau s'�coule... quelque grand arbre-feuille les encadre.

Morog tu es un amoureux... puisque tu es un po�te!

IL est confondant de t'avoir vu en prise direct avec l'invisible, avec l'"instinct", avec ce subconscient dont tu dis n'avoir fait que rendre pr�hensible ce qu'il te pr�sentait sous des atours de monstres et de beaut�, de personnages �nigmatiques, inqui�tants, dr�les ou rass�r�nants quand ce n'�tait pas tout cela � la fois!...

Le symbole, il s'�panouit de toi telle la fleur du rosier, sans presque y pr�ter garde, en tout cas sans efforts apparents, sans pouvoir ni vouloir m�me l'emp�cher d'affleurer dans le jardin de la conscience. Art totemique et universel.

IL est vivifiant d'avoir avec toi parl� politique en faisant un d�tour par Mme de Pompadour, Les Gl�nants, la troisi�me r�publique, Napol�on, l'urbanisme future, Paulhan de la NRF, Picasso, Mozart, les chefs de la r�sistances, de Gaulle, Raffarin, le canard encha�n�... Le temps d'une pause vers Penfret et nous voguons du Japon au Canada, de l'art sistercien aux scribouilleurs architecturaux en activit�, d'extase en coup de gueule.

Morog, sais-tu que ton nom signifie "grommeler" en hongrois...L� encore, dans l'innattendu d'une langue si particuli�re se trouve un peu de toi. Parler avec toi, c'est un peu , en excellent navigateur que tu �tais, avoir bris� toutes les lames du temps. C'est pour cela qu'aujourd'hui (o� �tait-ce demain) je redispose les concordances temporelles de la conjugaison. Amoureux de la langue fran�aise, j'esp�re que tu ne m'en voudras pas, apr�s tout, avec les arts plastiques, les lettres, tu ne fus jamais mari�.Un amant me para�t plus judicieux! Et z�l� de surcro�t!

Parler avec toi, c'est aussi et bien souvent, avec d�lice, t'avoir uniquement �cout�. Quel conteur!

Et moi, de me surprendre � songer � ce que devait �tre une soir�e avec Pic de la Mirandole...

Au mois de mai tu me montrais encore ta s�rie de dessin sur les compositeurs. Combien, simplement par le jeux des formes et des couleurs, des pleins et des vides, �taient-ils si bien sonnant de v�rit�! Mon enthousiasme te mettait les larmes aux yeux. Aujourd'hui, ce 1er septembre, ce sont mes yeux qui se mouillent , impertinent hommage que tu refuserais... Mais ,que veux-tu, c'est ailleurs que mes pupilles devront regarder pour esp�rer te trouver!...

La r�sistance ne fut pas un vain mot pour toi. Pour pr�server ta pudeur et parce que certaines douleurs sont muettes je n'en dirai plus. Comprenne qui pourra...

Par contre ta r�flexion artistique s'est souvent occup�e des ces avant-gardes mortes avant que d'�tre n�es dont les thurif�raires aveugles ne voient toujours pas qu'encore souvent, ils applanissent les chemins d'embryons d�ss�ch�s.

Tu peux �tre mordant, ironique. Qu'on en juge:

� On ne se contente pas d'explorer, on farfouille de peur de passer inaper�u. On devient exhibitioniste. La sp�culation a cr�� le "march� de l'art".Les vielles pratiques de l'enrichissement, conduisant au pillage, trouvent dans l'oeuvre d'art mati�re � exploitation. La technique super-star deviendra-t-elle un �cran entre l'homme et les autres hommes? Bonheur ou super-profit? �

Permets-moi, Morog, d'en faire un motto pour ma vie.

Navigateur du temps tu t'es ancr� artistiquement dans un mat�riau � ton image: innattendu.

Quel magicien es-tu pour avoir ainsi po�tiser le b�ton? Avec toi il atteint � l'imm�morial, � la sensualit�, aux arcanes de l'existence.

Combien savent qu'en entrant au palais de justice de Lyon c'est ton art qui les introduit?

Qu'� Vaulx-en-Velin l'Ecole Nationale des Travaux Publics est elle-m�me une r�flexion en trois dimensions o� les �tudiants peuvent enrichir leur propre questionnement?

Descendant aux h�tels Sofitel de Marseille ou de S�vres le voyageur peut y exp�rimenter que le b�ton moul� in situ est une invitation � un voyage tout int�rieur...

Voyager... Ma�tre-mot dans ta vie. Ne fus-tu pas aussi un des fondateurs des Gl�nant? Tous les amoureux de la voile devraient hisser un sombre spi aujourd'hui...

Et �tendu sur ton lit ces derniers temps, mis � terre par la maladie qui a r�ussi l� o� les nazis �chou�rent, tu voyageais encore, ou d�j�... Loin, si loin o� la musique seule pouvait te parvenir, � l'exception de ta femme.

Mais n'est-elle pas musique � tes yeux, cette ultime et pr�cieuse �g�rie?

J'ai beaucoup parl�. Et pour une fois, c'est toi qui a d� �couter!

Je m'en voudrais de ne pas te laisser reprendre ta marche.

Alors re�ois, toi qui es hors du temps, ce dernier mot de moi qui suis dans le temps, comme une ultime accolade:

Merci!

A consulter:

Quelques oeuvres architecturales: