Gilles Landini, pianiste
Humoresques
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Humoresque - Appassionato I

Des compositeurs qui aident � vivre . . .

Je ne sais s'il y a des musiciens � qui on n'ait pas demand� quels sont leur compositeur pr�f�r�. Pour moi, la r�ponse est claire: tout ce que je joue est ce que je pr�f�re. N�anmoins ils se trouvent des compositeurs qui sont des rep�res, des t�moins de vie pour mon chemin.

D'ailleurs interpr�ter est, dans ma fa�on de vivre la musique, le moyen de pr�senter ces merveilleux compositeurs comme des amis vivants. Des amis si g�niaux qu'on a envie que d'autres les rencontres. Peut-�tre ne plairont-ils pas, peut-�tre que la pr�sentation que je ferai d'eux ne plaira pas? Interpr�ter c'est aussi croire que l'on conna�t bien ces amis et se faire surprendre par eux, se rendre compte qu'ils avaient des facettes qui nous �chappaient... Heureusement. Et du coup, remettre en question la vision qu'on a de ces relations fantasques, vivants � travers leur musique, porteurs de joie, consolateurs, dynamisants, inqui�tants ou questionnants autant pour celui qui entreprend de de faire r�sonner leurs univers de notes, que pour ceux qui prennent le temps de les �couter.

Alors bien s�r, vous l'avez d�j� compris, il y a Mozart... Humain, au coeur de l'humanit�, dans sa lumi�re et dans son obscurit�, nous les offrant en partage si ouvertement, si simplement, emp�tr� dans les conventions sociales, les transcendant pour glisser la m�lancolie ou l'angoisse au coeur d'un moment de joie, comme une �charde ind�l�bile, comme une minuscule goutte d'encre qui ensuite se r�pand, envahissant l'oeuvre... et de donner ainsi une saveur nouvelle et plus profonde � la joie ayant exp�riment� l'ombre en son sein.

C'est aussi l'�merveillement...

Et la d�sillusion.

R��coutant "Cos� fan tutte" j'y sens toujours plus une repr�sentation de notre triste capacit� � op�rer un massacre des sentiments, � pi�tiner nos propres v�rit�s, notre authenticit�. C'est peut-�tre ici la plus subtile r�flexion qui soit sur les relations humaines. Bien s�r tout cela a �t� dej� dit et redit mais pour moi, c'est une perp�tuelle d�couverte et j'en vis. Quant � la "Fl�te enchant�e"... J'aime ce qu'elle v�hicule, j'aime son symbolisme. Il y a toujours un moment o� elle revient chanter en moi, apaisante ou �nergisante, cela d�pend.

L'oeuvre pour piano solo? Oh, elle n'a peut-�tre pas le caract�re innovateur des sonates de Haydn ou Beethoven, elle a peut-�tre un c�t� gratuit mais elle parle de nous, de lui, toujours. Et "gratuit" n'a t-il pas la m�me racine que "gr�ce"?

Les concerti? Je ne sais s'ils sont des op�ras en miniatures, des oeuvres pour briller ou autre. Ce que j'y d�couvre, c'est qu'ils parlent de relation, qu'ils sont des relations et je crains qu'une vie ne me suffise pour les approfondir.

Je voudrais aussi vous parler de Bart�k. Curieux voisinage?

Il n'en est rien, il n'est pas si loin de Mozart: l'humain est sa mesure. Tout deux ont une tendresse pour lui. On ne sait pas assez que dans les ann�es trentes Bart�k s'�tait renseign� afin de conna�tre quelles �taient les d�marches pour devenir juif, le hongrois ennemis des fascismes se voulait solidaire des exclus. L'Allemagne hitl�rienne dictait qu'il y avait un "art d�g�n�r�" que ceux qui y participaient �taient tout autant d�g�n�r�s, Bart�k se sent fr�re des nouveaux pestif�r�s.

Et dire qu'ayant voyag� et r�colt� des musiques "ethniques" dans toute l'Europe orientale puis se rendant jusqu'en Afrique du nord, Bart�k s'aper�oit que certaines m�lodies se retrouvent dans des pays n'ayant pas de fronti�res communes et conclut pouvoir ainsi scientifiquement d�montrer que l'humanit� est une. Actuel, non?

Certain le trouve dissonnant et motorique. La dissonance est une notion assez floue tout de m�me, �voluant au gr� des �poques.Si on entend par l� que "�a sonne faux" il m'appara�t que c'est aussi la vie qui a cette propri�t� et que peut-�tre Bart�k s'attache plus au vrai qu'au beau... Son soi-disant motorisme est inexistant. Par contre retrouver les impulsions primales de l'humain le passione, aller � l'essentiel dans sa nudit� voil� qui l'enthousiame! D'o� ses rythmes obs�dants, comme ob�issant � de fantasques rituels pa�ens.

Chopin, lui aussi est dans la filiation Mozartienne, avou�e par le principal int�ress�. Vers lui aussi va une particuli�re affection de ma part. Il n'a peut-�tre pas le m�me int�r�t pour l'�tre humain, ce qui reste � nuancer, et fortement, mais toute son �me nous parle de ce qui fait notre monde de sensations et d'�motions.

Et quel compositeur! Quel aristocrate novateur! Comme tel, il ne nous met pas des poteaux indicateurs pour signaler les inventions de son si particulier g�nie: ce v�ritable prince de l'�l�gance de l'esprit reste subtil l� o� d'autres pourraient se montrer triviaux. Le grand chef d'orchestre allemand Wilhelm Furtw�ngler qui "parlait" yeux dans les yeux avec Beethoven, Schubert, Wagner, Bruckner entre autre, ne supportait pas qu'on critiqu�t en sa pr�sence le g�nie compositionnel du Polonais.

Justement Schubert est aussi dans cette filiation. Plus: � mes yeux il est logiquement le fr�re musical de Chopin �galement. Couleurs, introspection, fragilit� et puissance, subtilit� du discours. Le romantisme est pour lui en vivre pleinement la philosophie, qui, tr�s grossi�rement r�sum�e, consiste � percevoir le monde ext�rieur r�el comme une projection de notre monde int�rieur. Vous ai-je dit mon int�r�t pour le symbolisme? Oui, bien s�r... Je radote... d'enthousiasme!

Et puis, je pourrais parler des heures de Bach, Liszt, Dvor�k, Rachmaninoff, Jan�cek, Beethoven, Franck, Chausson? En confidence, la transe dans laquelle me plonge ces trois derniers est . . . c'est indicible.

Et Debussy, le fr�re de Chopin... Et Schumann... Et Brahms... Et Verdi (ah, racines italiennes ne sauraient mentir!)... Et Mahler... Et... Et...

Allez, je m'arr�te l�. Mais il y en a bien d'autre dont j'aurai plaisir � vous dire ce qu'ils repr�sentent pour moi.

Une autre fois...
peut-�tre...

G.L.