Blog du Salon Musical su 18 janvier 2010
La dernière sonate de Beethoven
18 janvier 2010
Le sous-titre de cette soirée du Salon musical était « une soirée extatique avec Gilles Landini ». Je peux vous assurer que ce qui, au départ, n'était qu'une accroche, s'est révélé, a posteriori, strictement exact. La soirée fut effectivement extatique.
Dès les premiers mots de Landini, on pouvait sentir qu'il entretient avec la Sonate opus 111 de Beethoven une relation profondément charnelle et transcendantale en même temps.
Cette œuvre, qui n'est pas tout à fait la dernière de Beethoven est, néanmoins, la dernière sonate qu'il ait confié au seul piano. Elle résonne d'emblée comme une Quête, celle de l'Homme aspirant à la Lumière. De bout en bout du 1er mouvement, on entend un motif au-dessus duquel Beethoven nota cette question mystérieuse qui fit couler tant d'encre : Muss es sein ? Es muss sein ! « Cela doit-il être ? Cela doit être » Question posée sur tous les tons : de l'abattement le plus profond, jusqu'à l'émerveillement mystique le plus élevé. La réponse claque comme une réplique symétrique, tantôt comme une noire fatalité, tantôt comme l'affirmation d'une Révélation. Et pourtant, il s'agit toujours de la même question et de la même réponse. Le second et dernier mouvement est comme une mise en pratique musicale et une réponse aux doutes, aux interrogations et à la Quête évoqués dans le premier mouvement. Construit dans une forme chère à Beethoven, la variation, ce mouvement part d'un thème d'une simplicité presque enfantine. Il se développe suivant une symbolique limpide en un mouvement allant des notes les plus graves du piano jusqu'aux aigus les plus immatériels, en passant par les passages les plus tempétueux. Il suffit d'ailleurs de jeter un coup d'œil sur la partition pour se rendre compte que l'écriture est d'une complexité à faire pâlir les plus grands virtuoses.
Après une heure de présentation brillante et d'analyse, et après une courte pause, Gilles Landini nous offrit une interprétation de cette sonate qui pétrifia le public à la fin de l'œuvre durant de longues secondes, avant que n'éclatent les applaudissements. Une soirée dont on se souviendra assurément longtemps.
Paul Kristoff
Extrait de: http://blogandplay.wordpress.com/2010/01/18/la-derniere-sonate-de-beethoven/
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