Journal l'Alsace du 10 mars 2009
Le public qui s'est déplacé pour l'heure musicale, samedi, au temple Saint-Étienne de Mulhouse, a assisté à un événement important. Le pianiste genevois Gilles Landini, dans un récital somptueux ponctué de commentaires passionnés sur les œuvres, a insufflé un esprit palpitant de vie à quelques chefs-d'œuvre.
Salué dans le monde musical pour son appropriation des musiques de Schumann, Rachmaninov, Grieg et Chopin, le virtuose médite les partitions en profondeur. Quand il restitue les œuvres, c'est comme si elles renaissaient.
L'émotion par les contrastes
L'émotion dont les Scènes d'enfant de Schumann sont saturées naît du souvenir et du regret du passé. Le pianiste privilégie l'expression. Il choisit de ralentir encore les tempos lents, pour obtenir une merveilleuse douceur. Il est impérial dans les cadences rapides et tous les aspects techniques sont surmontés.
La Ballade en forme de variations... op. 24 de Grieg se présente comme un défi. Le compositeur multiplie les raffinements et les ornements sur un thème d'une très grande simplicité. Le motif est magnifié par les effets les plus inattendus, les rythmes les plus opposés. Les ornements, s'ils ne sont pas joués avec exactitude, paraîtraient diffus. Ici, les contrastes sont voulus par la partition, mais exigent, pour être rendus, une interpétation à la fois passionnée et maîtrisée. Gilles Landini, une nouvelle fois, fait mieux qu'interpréter, il répercute les élans romantiques jusque dans leurs plus fines nuances. Il ne joue pas, il peint par petites touches précises.
Chopin, il en parle avec élan, avec tendresse, et quand il propose sa version des Quatre Mazurkas op.68, du Scherzo n° 2 op. 31 et de la Polonaise en La b M op. 53, sa sensibilité convoque les états d'âme du grand romantique, sa joie si proche du désespoir, ses folles angoisses, ses envolées lyriques, tous les contrastes violents d'une âme passionnée.
JCO
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